Le regard d'un monde vers l 'autre

30 January 2008

Il faut rappeler que dans cette zone, les hippopotames ont disparu et lorsqu'il il en avait encore, ils sortaient de la rivière, continuaient leur chemin par la berge avant de redescendre dans la rivière quelques kilomètres en aval ou en amont afin de fuir quelque chos. Les pêcheurs ne viennent que très rarement dans cette zone considérée comme dangereuse.
Sur le nom et les moeurs de l'animal nous apprenons au travers des discussions avec les locaux qui vivent le long de la rivière Boumba que le Mokélé - Mbembé mange une plante, le Wa Fou, qu'il est appelé le gros caïman et qu'il vit dans la rivière profonde. Il creuse des trous, se soulève de l'eau en sortant d'abord son dos, qu'il fait fuir les hippopotames, s'attaque aux éléphants lorsqu'ils viennent boire en défendant son territoire.
Le quatrième témoignage m'est parvenu du chef de village de Mambélé. Selon lui, " le Mokélé - Mbembé est un animal qui existe, qui reste dans le fleuve, toujours beaucoup profond, c'est un animal blindé ( mystique ). Si on l'approche à près de 50 mètres, son courant nous frappe. Quand son courant menace un éléphant, il le noie et le Mokélé - Mbembé fait tout pour faire sortir les pointes ( les défenses ) et les entasser au bord du fleuve. C'est un animal vraiment qui existe. Il fait partie de la culture locale, c'est un animal mystérieux que les gens craignent, un animal beaucoup mystique. Il faut être beaucoup patient pour le voir".
Lorsque je présentai à mon narrateur une photo - montage du Mokélé - Mbembé il ajouta que j'avais oublié de dessiner sur la queue puissante de l'animal, des pointes dont il se sert pour fouetter l'eau de la rivière, pour renverser les pirogues et pour attaquer les éléphants.
Lors de notre expédition de mai 2007 le premier témoignage que j'ai pu recueillir sur le Mokélé - Mbembé m'est venu de la part d'un garde forestier du W.W.F qui passe environ 15 jours par mois en forêt dans le Parc National de la Lobéké. Jean Fils a entendu parler de cet animal à de nombreuses reprises en travaillant sur le fleuve Ngoko, du côté de Kika jusqu'à Moloundou. Dans cette zone il est connu sous le nom de "le diable", faisant peur aux populations car selon les propos du guide, l'animal étant trop "mystique".
Le second témoignage recueilli est celui de Didier Nanga, gestionnaire de la forêt communautaire de Salapoumbé et de Mambélé. Il lui a été raconté par des pisteurs locaux que le Mokélé - Mbembé avait été vu en 1993 dans les marais du Parc National de la Lobéké non loin de la Boumba. En tant que responsable local menant des actions pour la protection des espèces menacées, il estime qu'il s'agit "d'une espèce très rare à voir et que c'est un animal connu des braconniers, qui est avec nous dans la zone" et soulignant que "quand on le voit c'est parfois la chance, parfois la malchance".
Le troisième témoignage a été recueilli à Moloundou et nous vient de Samuel Wikikou. Selon lui, "c'est un animal qui sort souvent en amont de la rivière Boumba, il sort souvent avec beaucoup d'herbes sur le dos et ici on entend parler du Mokélé - Mbembé". En nous montrant la zone en amont qui sera largement explorée par l'équipe, il me précise " que celui qui est ici peut - être qu'il est en rapport avec le Mokélé - Mbembé, mais quand il sort il a beaucoup d'herbes sur le dos".
Pour étayer ces témoignages, notre pisteur Janvier Bombi me signala qu'il a vu il y a quelques années en arrière un Mokélé - Mbembé sur la rivière Boumba dans la zone en amont où nous nous trouvions : "c'était quelque chose qui se soulevait avec un bouillonnement énorme. J'ai pris peur à la vue de cette soudaine apparition et suis parti".

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